Méthodologie de la dissertation juridique

La dissertation juridique permet d’apprécier les qualités de synthèse, de structure et de réflexion de l’étudiant. Elle s’articule autour d’un fil conducteur qui est la traduction d’une problématique que le plan met en exergue.

La dissertation est une réorchestration des connaissances autour d’idées forces simples et claires. Dans ce contexte, les connaissances techniques deviennent souvent les illustrations de quelques idées fédératrices. Ce n’est donc pas une simple récitation du cours mais une véritable démonstration.

ANALYSE DU SUJET :

Même s’il paraît évident qu’un sujet doit être lu avant d’être compris et traité, de nombreux étudiants stressés par l’examen ne prêtent pas suffisamment attention aux termes de l’intitulé. Il faut lire attentivement tous les mots du sujet

Après, vous devez rechercher le sens de ces mots. Cette étape vous sera utile pour la construction de l’introduction. Vous devez tenter de situer le sujet, le cerner et le délimiter. Un effort de définition doit donc être fourni dès le début de la réflexion. 

Une fois que vous avez cerné le ou les sens du sujet, il vous faut sélectionner dans vos connaissances les éléments qui vont vous permettre de construire votre devoir. Concrètement, vous devez prendre quelques minutes sur votre brouillon pour noter, en style abrégé et télégraphique, tout ce qui pourrait avoir un rapport avec le sujet. 

Vous devez faire défiler dans votre esprit votre cours, généralement appris avec son plan. Cette méthode d’apprentissage permet d’avoir les idées plus claires lorsque vous êtes amené à rechercher des informations dans un cours relativement long.

Pour un sujet transversal, la « récolte » des informations est relativement simple mais doit être diversifiée. Chaque partie de votre cours doit être abordée et illustrée par un exemple différent. 

Lorsque le sujet n’est pas transversal, il est plus simple de réunir les informations bien isolées dans une partie du cours. La plus-value de votre devoir résidera dans la problématique que vous aurez trouvée pour donner de la hauteur à votre cours qui est souvent linéaire.

PRÉPARATION DE L’INTRODUCTION :

Vous devez isoler sur une feuille les éléments qui se rapportent à l’introduction.

L’introduction permet d’amener le sujet. Il faut bien comprendre que le correcteur doit être considéré, bien qu’étant juriste, comme n’ayant aucune connaissance sur le sujet. Aussi, devez-vous lui expliquer la place du sujet dans notre environnement juridique, le sens des notions utilisées dans l’intitulé et l’intérêt du sujet à travers, notamment, une problématique. 

L’introduction est une étape fondamentale qu’il ne faut pas négliger car elle permet de comprendre le pourquoi et le comment du sujet posé. 

L’introduction se compose généralement de plusieurs éléments :

  • Présentation générale du sujet :

Pour éviter de commencer trop brutalement votre devoir, il est judicieux d’entamer l’introduction en replaçant le sujet dans son environnement sous la forme d’un « entonnoir » allant du général au particulier. Ce premier paragraphe peut débuter par un renvoi à l’actualité ou par une citation, juridique ou non, qui doit avoir un lien avec le sujet. 

Il est également possible d’intégrer le sujet dans un mouvement général de notre droit. Chaque branche de notre droit répond, à un moment donné, à une certaine philosophie. A vous de rechercher celle à laquelle pourrait appartenir le sujet. 

  • Définition des termes du sujet :

C’est une étape fondamentale à plus d’un titre. Tout d’abord, vous ne pouvez raisonner qu’après avoir défini le sens des mots sur lesquels votre réflexion est fondée. Ensuite, par la définition des termes du sujet, vous déterminez le domaine de votre réflexion. Par le biais de ces définitions, des questions seront exclues alors que d’autres seront mises en valeur comme étant essentielles. Enfin, la définition que vous adopterez des termes du sujet permet de justifier l’ensemble de votre devoir. Vous pouvez ne pas avoir opté pour une conception large de la notion figurant dans le sujet et privilégier une acception stricte du sujet. Si cela n’est pas justifié dans l’introduction à travers la définition des notions, votre correcteur peut vous le reprocher et vous sanctionner. Au contraire, un choix justifié et motivé dans l’introduction peut plus difficilement être contesté par la suite. Il n’y a pas une façon d’appréhender le sujet mais toute appréhension suppose une justification.

  • Rappel historique du sujet : 

Le sujet a sans doute évolué à travers les périodes historiques et vous devez ici en faire une brève synthèse. Il s’agit de retracer les grands mouvements du sujet à travers l’histoire.

Des considérations sociologiques, philosophiques, économiques, politiques, sociales du sujet peuvent aussi trouver leur place ici. Des éléments de droit comparé sont également appréciés. 

  • Problématique : 

Cette dernière découle des paragraphes précédents et doit être clairement posée, que ce soit sous forme interrogative ou affirmative. Elle consiste tout simplement dans la recherche du POURQUOI du sujet posé. Pourquoi ce sujet vous a-t-il été posé ? Quel est l’intérêt, au regard de notre droit, d’une telle question ? Cette problématique permet d’éviter l’écueil d’un devoir statique et purement descriptif.

  • Intérêts / enjeux du sujet :

Il s’agit ici d’indiquer quels sont les enjeux, les intérêts soulevés par le sujet, les principales questions qu’il conduit à se poser. Traditionnellement, on distingue les enjeux pratiques (ex : la sécurité juridique) et les enjeux de nature théorique (ex : mieux cerner une institution, comprendre le sens d’un texte).

  • Annonce du plan :

Ce paragraphe est le plus simple car il consiste, comme tout travail de rédaction, à annoncer votre plan. Vous n’annoncez que les deux parties principales et non les sous-parties. 

ELABORATION DU PLAN :

La recherche du plan est une étape difficile et décisive. En principe, le plan doit couler de source. Il doit s’imposer par la force de l’évidence. Il vous faut trouver une structure qui vous permette d’exposer clairement et, si possible, esthétiquement vos connaissances sur le sujet. 

Le plan devant convaincre, toute l’introduction est normalement construite afin d’amener à l’annonce d’un plan qui doit s’imposer à votre correcteur comme une évidence. 

Le meilleur plan est celui qui « colle » parfaitement à votre problématique. Il existe donc autant de plans que de sujets de dissertation. Pour vous aider, vous pouvez toutefois puiser votre inspiration dans des plans déjà existants, quitte à les modifier quelque peu afin de les rapprocher du sujet.

Le plan doit apparaître de façon formelle. Il doit pouvoir être visualisé rapidement dès les premiers regards qui se portent sur votre copie.

Tout devoir de dissertation repose généralement sur un plan classique en deux parties (I et II) et deux sous-parties (A et B). 

La première partie est censée développer une facette du sujet que la seconde partie complète. Vos deux parties doivent ainsi se « répondre » et former un tout cohérent dont le fil conducteur est la problématique formulée dans l’introduction. Les sous-parties doivent également former un ensemble cohérent et complémentaire. 

Les titres de vos parties et sous-parties doivent être simples et explicites, surtout pour les parties principales.

Un titre simple signifie qu’il n’est pas nécessaire de faire preuve d’originalité. Si l’originalité est dans votre nature et que vous parvenez à jongler avec les mots afin que vos deux parties se répondent sur la base de titres comportant le même nombre de mots et de mots sonnant comme des rimes, cela vous permet de vous distinguer des autres candidats. Cependant, le mieux est d’opter pour des mots simples permettant de vous faire comprendre.

RÉDACTION DU DEVOIR :

Il faut enfin procéder à la rédaction de votre devoir, en veillant à soigner le style, la grammaire et l’orthographe.

Première règle essentielle : la rédaction commence toujours par l’exposé d’une idée qui est ensuite illustrée par un ou deux exemples. On ne commence jamais par un exemple car le risque est de tomber dans le catalogue d’exemples sans démonstration. 

Ensuite, le contenu des sous-parties doit être structuré. C’est ici que vous ferez la différence avec les autres candidats. Il s’agit d’exposer vos idées de façon constructive. Chaque sous-partie est composée de deux ou trois paragraphes. Chaque paragraphe correspond à une idée-force. Il est des sujets très denses dans lesquels il y a de nombreuses idées-forces. Les idées- forces sont les réflexions communes à plusieurs exemples. Ces idées-forces une fois posées doivent être accompagnées d’exemples qui viennent illustrer l’idée ainsi formulée. Le souci de structure suppose alors un travail de préparation au brouillon afin de savoir avant la rédaction dans quel ordre chronologique et logique vous allez utiliser vos informations. 

Ne cherchez pas à remplir à tout prix votre copie. Il y a des sujets denses où la difficulté réside dans la sélection des exemples et des idées. Il y a des sujets plus techniques et moins denses qui supposent de mettre en valeur le peu d’exemples disponibles. Une bonne copie peut ne pas dépasser six pages (format de l’examen). Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas faire plus long, mais ne vous forcez pas à remplir en vous répétant ou en disant de simples banalités.

Une conclusion n’est pas indispensable. Si c’est pour résumer votre devoir, elle doit être la plus courte possible afin d’éviter l’écueil de la répétition. La conclusion est le plus souvent opportune lorsqu’il s’agit d’ouvrir sur un autre sujet. Ce sujet peut être une question d’ordre social, éthique, moral ou une question se posant dans une autre branche du droit et ouvrant ainsi sur une autre problématique.

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